Prise en charge de l’hypofertilité de l’homme
Publié par Institut2f le
Etat des lieux et prise en charge des causes de l'hypofertilité de l'homme
par Nathalie FAGGIANELLI, docteur en biologie, naturopathe
La fertilité c’est aussi une affaire d’homme. Souvent taboue et non explorée en premier en cas de difficultés à concevoir dans le couple.
Près de 3,3 millions de personnes sont directement touchées par l’infertilité en France, soit 1 couple sur 4 (Belgherbi 2018, BMC Med Res Methodol, rapport sur les causes d’infertilité du Ministère de la Santé, Hamamah et Berlioux 2022). Il s’agit d’un enjeu de santé publique majeur même si elle n’est pas adressée en tant que telle par les pouvoirs publics et les institutions mondiales dont l’OMS.
Lorsque le couple fait face à une hypofertilité, que bébé met du temps à arriver, bien souvent on se concentre sur la femme. Elle doit passer une batterie d’examens, de tests. Dans l’inconscient collectif, infertilité est encore trop souvent vue comme d’origine féminine. Et on ne recherche pas toujours une possible hypofertilité masculine dans un premier temps. Même s’il peut y avoir des signes qui pourraient pousser à investiguer, on touche aussi ici à la virilité, et ils sont tus par honte, pudeur. On sait aujourd’hui que dans 30% des cas, l’infertilité du couple s’explique par un trouble de la fertilité masculine.
Etat des lieux
Les études indépendantes et mondiales sur différentes populations d’hommes depuis les années 1990 reportent une altération significative des spermatozoïdes en termes de concentration, de mobilité et de morphologie (formes atypiques problématiques) : moins de sperme et en moins bonne santé. Les chiffres varient et ont été beaucoup discuté car n sont pas les seuls marqueurs prédictibles de la fertilité. Un faible nombre de spermatozoïdes ne signe pas une infertilité, mais doit être corrélé aux autres mesures de la motilité (leur capacité à se mouvoir dans le sperme et donc ensuite dans voies féminines) et leur bonne santé. Même si les chiffres varient, tous les chercheurs s’accordent pour dire que la fertilité masculine a chuté ces 30 dernières années.
Données nationales de santé publique en 15 ans, la concentration de spermatozoïdes dans un éjaculat a baissé de 32,2%.
Levine et al. 2017 : le nombre moyen de spermatozoïdes par éjaculat a baissé d’en Moyenne 1.4% chaque année avec un déclin global de 52.4% entre 1973 et 2011
Tiegs et al. 2019 : entre 2002 et 2017 : la proportion d’homme avec un spermogramme normal (normozoospermie) a chuté d’environ 10%
WHO 1999-2010 : les valeurs de références qui considèrent un examen de sperme normal ou anormal ont été ré-évaluées avec de nouveaux cutoffs plus bas que ceux de 1999.
Quelles sont les causes de cette inaptitude à concevoir ? Comment soutenir naturellement la fertilité masculine et donc du couple ?
Je préfère parler d’hypofertilité, de baisse de la fertilité plutôt que d’infertilité qui sonne un coup de massue, un diagnostic irréversible. Il n’y a rien de plus difficile pour un couple que de s’entendre dire après toute une batterie de résultats « nous ne savons pas pourquoi vous êtes infertiles », « nous ne pouvons rien faire pour vous aider », « arrêtez d’y penser, vous stressez trop cela peut expliquer que vous n’y arriviez pas »…
Parmi les causes les plus fréquentes on retrouve chez l’homme :
– Des problèmes d’excrétion du liquide séminal, dysfonction érectile, impuissance
– L’absence ou de faibles quantités de spermatozoïdes
– Une anomalie au niveau de la forme et du mouvement des spermatozoïdes
Bien-sûr comme pour l’hypofertilité féminine, l’âge de conception des futurs parents peut jouer. La recherche d’une stabilité professionnelle et affective recule dans notre société l’âge de la première maternité. Mais elle ne fait pas tout ! Remontons aux causes de la cause qui peuvent expliquer cette mauvaise qualité ou absence de sperme :
– des causes physiques : une cryptorchidie (testicule mal descendu dans le scrotum), obstruction au sein des organes génitaux masculins suite à un kyste prostatique par exemple, une altération des vésicules séminales, des anomalies de l’uretère, ou la dilatation des veines qui entourent le cordon spermatique (on parle de varicocèle testiculaire) ou suite d’opérations chirurgicales antérieures :
ablation d’un kyste du cordon spermatique, chirurgie par voie périnéale, curage ganglionnaire lombo-aortique ou chimiothérapie/radiothérapie par le passé.
– Une cause génétique : elle n’est pas systématiquement recherchée mais en cas de spermogramme présentant une azoospermie (pas de spermatozoïdes) ou oligospermie sévères (rares spermatozoïdes vivants). Parmi elles, la plus fréquente est le syndrome de Klinefelter (un chromosome X au moins supplémentaire) ou encore des mutations du gène SRY, du gène de la mucoviscidose, des micro délétions du chromosome Y … L’épigénétique commence aussi beaucoup à être étudiée. Des phénomènes de méthylation et déméthylation de l’ADN c’est-à-dire des marques laissées sur le génome qui permettent de masquer ou laisser visibles certaines zones contrôlant ainsi l’expression des gènes : elles permettent de supprimer ou minimiser ou encore amplifier certaines informations.
Ces marques sont plus ou moins stables dans le temps et transmissibles à la descendance. L’exposition aux perturbateurs endocriniens in utero est particulièrement critique pour l’expression épigénétique reprogrammant les messages.
– Un déséquilibre hormonal de l’axe endocrinien pancréas-surrénales-thyroïde dont des troubles thyroïdien, pancréatique (insulino-résistance, diabète) et de la production des hormones sexuelles mâles, les androgènes (on vérifiera à l’aide de bilans sanguins, et vérification de l’absence de déficit de pilosité, d’une hypertrophie mammaire masculine (gynécomastie), d’une hypo ou hyperthyroïdie, une obésité ou un surpoids.
– Une infection (IST ou autre) dont certaines peuvent passer inaperçues (asymptomatiques) et immunité basse
– Un déséquilibre des microbiotes et notamment celui intestinal
Les fauteurs de troubles originels de notre hygiène de vie, notamment notre exposition aux toxines et perturbateurs endocriniens influencent directement notre santé et notamment la santé reproductive.
Ref : Reasons for worldwide decline in male fertility Uday Mann, Benjamin Shiff, and Premal Patel. Curr Opin Urol 2020, 30:296–301 DOI:10.1097/MOU.0000000000000745
Livre Demain tous infertiles Brigitte-Fanny Cohen et Stéphane Droupy, première édition 2020
– Hygiène de vie : mauvaises habitudes alimentaires avec excès et/ou carences, alcool, trop de café, pas ou trop d’exercice physique
– Environnement : exposition aux polluants, perturbateurs endocriniens, chaleur et irradiation au niveau de la zone pelvienne. C’est un causeur de trouble majeur à ne pas négliger. De nombreuses études ont mis en évidence un lien direct entre hypofertilité et exposition aux cocktails de perturbateurs endocriniens ( Nordkap et al., 2012 ; Levine et al., 2017; Rehman et al., 2018 ). Ils sont en effet très souvent présents en quantité infime dans les produits et ce qui pose problème n’est non pas une utilisation unique mais la répétition, l’exposition jour après jour : c’est ce que l’on appelle cet effet cocktail de la somme des différents composés que nous mettons sur notre peau, que nous ingérons voire respirons. Cette dernière porte d’entrée est plus minime (Geens et al. 2009) sauf pour les travailleurs d’usines utilisant du BPA, phtalates (Hines et al. 2018)… Des nombreux composés sont retrouvés dans le sperme et s’accumulent dans les tissus entre 3 et 5 ans (Olsen et al. 2007).
Comment agissent-ils ?
Ils peuvent mimer les hormones sexuelles et notamment bloquer les récepteurs aux œstrogènes, aux androgènes entrainant une hyper-oestrogénisation. Les œstrogènes sont les hormones féminines par excellence mais l’homme en produit une petite quantité, notamment transformée ensuite en testostérone. Mais si cet équilibre est perturbé, l’axe hypothalamo–pituitaire et génital est déréglé : diminution de la sécrétion de LH et hypostimulation des cellules de Leydig : baisse de la stéroïdogenèse, moins de testostérone (par perturbation d’une enzyme clé de la conversion des androgènes, l’aromatase et inhibition de la 5α-reductase)
Ces toxiques conduisent aussi à la production des radicaux libres entrainant un stress cellulaire oxydatif et dégradant directement les cellules de Sertoli ( Žalmanová et al., 2016 ) et les spermatozoïdes (leur ADN, la paroi cellulaire et son bon fonctionnement) ou endommageant la barrière circulation sanguine-testicules. Le bon fonctionnement des mitochondries est impactée, ce sont les usines à énergie indispensables à notre corps, et notamment celles des spermatozoïdes qui en sont très riches pour assurer notamment le carburant pour leur battement et leur déplacement dans les voies génitales féminines.
Références :
Rehman, Saba et al. “Endocrine disrupting chemicals and impact on male reproductive health.” Translational andrology and urology vol. 7,3 (2018): 490-503. doi:10.21037/tau.2018.05.17
Les modifications épigénétiques engendrées par les polluants peuvent malheureusement, se transmettre à la descendance. Une exposition in-utero du bébé peut expliquer ensuite à l’âge adulte des problèmes d’infertilité. Parmi elle, l’hypospadias, une anomalie congénitale rare qui se caractérise par le méat qui ne se trouve pas à l’extrémité du pénis, mais au niveau de la verge, le long du canal urinaire. Sa présence est relevé en plus forte hausse ces derniers années chez les nouveau-nés, cette prévalence serait liée à une surexposition aux pesticides perturbateurs endocriniens in utero.
Bouty A, Ayers K, L, Pask A, Heloury Y, Sinclair A, H: The Genetic and Environmental Factors Underlying Hypospadias. Sex Dev 2015; 9:239-259. doi: 10.1159/000441988
[4] L.F.M. van der Zanden, I.A.L.M. van Rooij, W.F.J. Feitz, B. Franke, N.V.A.M. Knoers, N. Roeleveld, Aetiology of hypospadias: a systematic review of genes and environment, Human Reproduction Update, Volume 18, Issue 3, May/June 2012, Pages 260–283, https://doi.org/10.1093/humupd/dms002
Kalfa N, et al. Is Hypospadias Associated with Prenatal Exposure to Endocrine Disruptors? A French Collaborative Controlled Study of a Cohort of 300 Consecutive Children Without Genetic Defect. Eur Urol (2015), http://dx.doi.org/10.1016/j.eururo.2015.05.008
– Prise de médicaments (antidépresseurs, antihistaminiques, IPP = inhibiteurs de la pompe à protons, bêta-bloquants, médicaments pour faire baisser le cholestérol, anti-cancéreux, la chimio et la radiothérapie altèrent la fertilité et une préservation des gamètes avant les traitements peut être proposée). De nombreux médicaments nt été mis sur le marché sans faire l’objet de tests pour vérifier l’absence d’effets indésirables sur la fertilité avant 2000 (voir la liste du livre Demain tous infertiles du Pr Stéphane Droupy et Brigitte Fanny Cohen) et de drogues de toute sortes (tabac, cannabis, stupéfiants et aussi les hormones stéroïdes anabolisants utilisés par les sportifs.
– Stress chronique : le stress devenu quotidien, récurrent impacte directement la qualité des spermatozoïdes, ovocytes, entraine des carences, une possible insulino-résistance et déséquilibre de nos surrénales, impacte notre digestion et notre sommeil. Triste ironie, stress et émotions négatives envoient au corps le message suivant « ce n’est pas le bon moment pour concevoir » et impactent donc directement notre fertilité.
Ces dernières causes peuvent entrainer une inflammation chronique du corps, un stress oxydatif, des anomalies génétiques et épigénétiques à l’origine de l’hypofertilité. On considère souvent que l’infertilité est idiopathique si aucune explication organique ou physiologique n’est décelée. Un stress chronique, une inflammation de bas grade, un déséquilibre du microbiote, une mauvaise circulation pelvienne ne sont pas considérées comme des « causes directes » et pas toujours investiguées et prises en compte. Bien que « le stress oxydatif – soit bel et bien – aujourd’hui considéré comme cause principale de l’infertilité d’origine inconnue ou idiopathique chez l’homme » (Dr Charlotte Methorst, urologue au centre hospitalier des quatre villes, Saint-Cloud).
Les causes originelles d’infertilité dites « non expliquées » continuent d’être explorées. Des chercheurs ont notamment découvert récemment de nouveaux “facteurs de fertilité masculine ». Parmi eux la présence d’inhabituels exosomes séminaux. Ce sont de microvésicules remplis de liquide contenant de l’ARN et des messager protéiques, ils peuvent se lier avec les cellules endométriales du tractus génital féminin et délivrer alors des messages, rendant l’utérus plus ou moins réceptif pour l’implantation d’un embryon.
Ref : Hadis Gholipour et Joseph Hawkins, travaux publiés en juillet 2022.
Cette étude rejoint aussi les dernières recherches sur l’importance de certaines protéines du liquide séminal pour moduler la réponse immunitaire féminine et l’encourager à accepter l’implantation d’un embryon dont on sait qu’il a un profil immunitaire étranger. Un sperme de bonne qualité et en bonne santé n’est donc pas important uniquement pour la conception en tant que telle mais aussi pour la bonne implantation du fœtus et le bon développement du bébé. Fausse couche, prééclampsie, naissance prématurée sont aussi affectées par un déséquilibre immunitaire qui peut donc être liée aux deux futurs parents.
Ref : John E. Schjenken, David J. Sharkey, Ella S. Green, Hon Yeung Chan, Ricky A. Matias, Lachlan M. Moldenhauer, Sarah A.
Robertson. Sperm modulate uterine immune parameters relevant to embryo implantation and reproductive success in mice. Communications Biology, 2021; 4 (1) DOI: 10.1038/s42003-021-02038-9
Sweeney, M. F., Hasan, N., Soto, A. M., and Sonnenschein, C. (2015). Environmental Endocrine Disruptors: Effects on the Human Male Reproductive System. Rev. Endocr. Metab. Disord. 16, 341–357. doi:10.1007/s11154-016-9337-4
Xie, F., Chen, X., Weng, S., Xia, T., Sun, X., Luo, T., et al. (2019). Effects of Two Environmental Endocrine Disruptors Di-n-butyl Phthalate (DBP) and Mono-N-Butyl Phthalate (MBP) on Human Sperm Functions In Vitro. Reprod. Toxicol. 83, 1–7. doi:10.1016/j.reprotox.2018.10.011
Quel accompagnement ? que peut-on faire pour améliorer sa fertilité ?
L’objectif n’est pas de vous culpabiliser mais de vous orienter vers des habitudes qui vont jouer en votre faveur, rééquilibrer progressivement et globalement le corps, les bonnes sécrétions hormonales. Faites attention aux aliments, compléments, plantes miracles, présentées comme « la solution » pour restaurer la fertilité ! Chaque homme, chaque couple est unique, avec ses problématiques et particularités propres, ce qui a fonctionné pour l’un ne fonctionnera pas forcément sur l’autre.
Plusieurs points peuvent être soutenus :
– Une alimentation équilibrée hypotoxique et reminéralisante. Riche notamment en oméga 3 et antioxydants en fibres et en minéraux/vitamines qui améliorent la qualité du sperme : nombre de spermatozoïdes, motilité et morphologie mais aussi pour soutenir le bon fonctionnement thyroïdien / équilibre cardiovasculaire / limiter l’inflammation de bas grade et le stress oxydatif. Limiter les graisses polyinsaturées, les oméga 6 dont le rapport avec les omégas 3 dans nos pays occidentaux est très déséquilibré. Les oméga 3 agissent comme des anti oxydants protégeant les spermatozoïdes : consommons des petits poissons gras (qui concentrent moins les métaux lourds que les gros) comme maquereaux et sardines régulièrement par exemple.
Ne pas exagérer la consommation d’aliments pro-inflammatoires, pourvoyeurs d’œstrogènes et graisses poly-insaturés (même si les études sur ce sujet sont contradictoires – Livre « demain tous infertiles »), ainsi que la quantité de caféine quotidienne (café mais aussi maté, chocolat, thé, boisson à base de cola, guarana) et celle de sucre (soda, jus de fruits, produits transformés et raffinés). Tout est toujours une question d’équilibre et de mesure !
Parmi les vitamines et minéraux antioxydants sont importants dans la bonne production spermatique : vitamine C (notamment à supplémenter chez les fumeurs), l’acides folique (et oui, la vitamine B9 n’est pas uniquement important pour les femmes en désir de conception, indispensable à la bonne synthèse de l’ADN-ARN), le lycopène, le zinc, L-carnitine et L-arginine (supplémentation possible en cas d’asthénozoospermie), le coenzyme Q10, le sélénium (important pour la formation des spermatozoïdes mais aussi la bonne santé thyroïdienne, les noix du Brésil en sont une source intéressant à raison de 2 à 3 par jour, pas besoin de sur-consommer, tout excès est aussi délétère).
A lire aussi : Intérêt des antioxydants
On privilégiera tout d’abord un soutien par l’alimentation : variée, équilibrée et de qualité avant de se tourner vers une supplémentation sous forme de compléments alimentaires ! Pour qu’ils soient vraiment efficaces, il faut qu’ils soient bien choisis, bien associés (certains ne sont pas à prendre en même temps les uns avec les autres), justement dosés, bien formulés (sans additifs douteux notamment) et surtout bien assimilés. Rien ne sert de se supplémenter, si votre système digestif n’assimile pas correctement ! Il est important de soutenir le bon fonctionnement digestif et le microbiote intestinal !!!
– Réduction et consommation modérée voir arrêt d’alcool, tabac et drogues. L’alcool détériore la qualité du sperme dès 5 verres consommés par semaine. Tout est là aussi une question de modération, un verre de temps en temps sans se priver versus des soirées bien arrosées régulières ! Et il en est de même pour une consommation régulière de tabac et drogues : le nombre de cigarettes fumées par jour est proportionnel aux altérations observées sur le spermogramme !
Il est intéressant de noter qu’il faut environ 3 mois pour retrouver un sperme de qualité (après arrêt du tabac, une soirée arrosée…) (étude Sermondade et al. 2010).
Références: Jensen et al. BKM open journal 2014. Habitual alcohol consumption associated with reduced semen quality and changes in reproductive hormones; a cross-sectional study among 1221 young Danish men).
Sermondade N, Elloumi H, Berthaut I, Mathieu E, Delarouzière V, Ravel C, Mandelbaum J. Progressive alcohol-induced sperm alterations leading to spermatogenic arrest, which was reversed after alcohol withdrawal. Reprod Biomed Online. 2010 Mar;20(3):324-7. doi:10.1016/j.rbmo.2009.12.003. Epub 2009 Dec 11. PMID: 20117050.
A lire aussi : Professeur Patrice Clément dans un article de gynéco-online et les références indiquées sur la page. Livre ‘demain tous infertiles’ chapitre 3.
– Activité physique adaptée – pas trop intense
– Limiter son exposition aux perturbateurs endocriniens. Homme et Femme : Nous sommes tous exposés inévitablement aux toxiques, aux perturbateurs endocriniens, mais nous pouvons malgré tout
limiter les sources évitables dans la cuisine (fruits et légumes issus de l’agriculture biologique, contenants et matériels de cuisine en matériaux adaptés…), la salle de bains (cosmétiques : pour les hommes notamment gel douche et shampoing, déodorant, bombe après rasage, parfum…), les produits ménagers, les peintures-colles-vernis utilisés pour les travaux-bricolage…
– Limiter aussi son exposition à la chaleur : pas d’ordinateur ou téléphone portable directement sur les genoux en journée. Port de sous-vêtements amples et non collants. La chaleur augmente le stress oxydatif fragilisant la membrane des spermatozoïdes, leur ADN, la production d’énergie par les mitochondries qu’ils contiennent et donc leur motilité ainsi que leur survie. Les études montrent qu’une augmentation de 1°C est associée à une baisse de 14% de la production des spermatozoïdes (livre « demain tous infertiles »).
Le sujet des ondes est par contre polémique. Différentes études ont cependant montré que l’exposition prolongée aux ondes électromagnétiques appauvrit et dégrade le sperme, même s’il est très difficile comme pour les perturbateurs endocriniens de connaitre la part de responsabilité de chaque facteur !
– Gestion du stress et accompagnement émotionnel
– Soutenir le tonus et la vitalité, notamment si la libido est en berne avec des plantes et huiles essentielles
– Soutenir une bonne circulation sanguine pelvienne et circulation lymphatique (notamment s’il y a une problématique de varicocèle) en micronutrition et avec des plantes
Si l’alimentation ne suffit pas, on pourra soutenir en micronutrition et en phytothérapie avec des plantes reminéralisantes notamment.
Prise en charge en phytothérapie et aromathérapie
Les plantes pourront être des alliées supplémentaires dans de nombreuses situations : que ce soit pour un travail de fond sur l’équilibre hormonal, le nettoyage du corps, un soutien de l’immunité mais aussi une aide ponctuelle en cas de douleurs, fatigue passagère, soutien émotionnel…
– Le romarin, rosmarinus officinalis (aujourd’hui salvia rosmarinus) : un draineur doux du foie et un tonique soit sous forme de jeunes pousses en gemmothérapie ou de tisanes à prendre le matin. Il va permettre de redonner un coup de boost aux organismes fatigués et de drainer doucement les excès de toxines et toxiques. En cas d’intoxication aux métaux lourds (notamment suite à des expositions professionnelles), il sera intéressant de vous faire accompagner et de choisir des plantes plus spécifiques.
– La grande ortie ou ortie piquante (urtica dioica ou urtica urens) LA plante de soutien micronutritionnel par sa richesse en vitamines, minéraux et acides aminés essentiels au corps, à une bonne santé des phanères (ongles et cheveux) et des tissus. Elle est aussi légèrement diurétique et aidera à éliminer sans fatiguer le corps comme elle reminéralise en même temps. C’est une alliée idéale pour renourrir le corps si on se sent fatigué(e) physiquement, épuisé(e) homme comme femme. C’est une tonique générale de l’homme et la femme : tonique utérine chez la femme et elle permet une production de spermatozoïdes de qualité chez l’homme (notamment chez le fumeur, étude Jalili et al. 2014). Elle est en quelque sorte notre « adaptogène » locale pour faire un parallèle avec les plantes adaptogènes qui sont originaires de Russie et d’Asie principalement dont on parle souvent comme toniques sexuels et soutien de l’axe hypophyse-hypothalamus-surrénale au long cours. La racine pourrait aussi être utile pour certains hommes car elle bloque la conversion de testostérone en DHT et en œstrogènes (utilisée souvent dans l’accompagnement de l’adénome de la prostate). A utiliser sur avis d’un professionnel.
Ref : Nahata A, Dixit VK. Ameliorative effects of stinging nettle (Urtica dioica) on testosterone-induced prostatic hyperplasia in rats. Andrologia. 2012;44 Suppl 1:396-409
Et thèse de pharmacie 2016, Juliette BOYRIE URTICA DIOICA L. : UNE PLANTE AUX USAGES MULTIPLES
– D’autres plantes plus exotiques sont souvent citées dans les livres et publications sur les réseaux, mais il n’y a souvent pas ou peu d’études sur l’homme. On privilégiera toujours celles dont l’usage est traditionnel et sûr de longue date avec de premières études sur le sujet. Parmi ces plantes, on pourra citer les plantes adaptogènes commee les rhizomes de Shatavari (asparagus racemosus) ou asperge à grappes , les racines d’astragale (Astragalus Membranaceus) ou le fruit du tribulus ou croix de Malte (tribulus terrestris). Mais aussi la racine de Maca ou ginseng péruvien (Lepidium meyenii) qui est une grande tonique physique et sexuelle. Elle aide à une bonne production de spermatozoïdes : privilégiez toujours des plantes de qualité, et attention aux compositions et origines des produits sur le marché.
Ces plantes agissent lentement, une prise unique n’aura aucun effet mais plutôt au bout de 4 à 6 semaines de prises régulières.
Ref : Effects of Herbal Medicine on Male Infertility Mohammadi et al. 2013
Pour la maca : nombreuses études chez le rat, peu chez l’homme. VIDAL 2022 ; Gonzales et al. 2002. Effect of Lepidium meyenii (MACA) on sexual desire and its absent relationship with serum testosterone levels in adult healthy men. Andrologia. 2002 Dec;34(6):367-72. doi: 10.1046/j.1439-0272.2002.00519.x.
Pour le Tribulus : étude chez le rat et la souris, peu chez l’homme ou non conclusives à l’heure actuelle. Pavin et al. Tribulus terrestris Protects against Male Reproductive Damage Induced by Cyclophosphamide in Mice. 2018. Volume 2018 |Article ID 5758191 | https://doi.org/10.1155/2018/5758191
Khaleghi S, Bakhtiari M, Asadmobini A, Esmaeili F. Tribulus terrestris Extract Improves Human Sperm Parameters In Vitro. J Evid Based Complementary Altern Med. 2017;22(3):407-412. doi:10.1177/2156587216668110
Sanagoo et al. Effect of Tribulus terrestris L. on sperm parameters in men with idiopathic infertility: A systematic review. Complementary Therapies in Medicine Volume 42, February 2019, Pages 95-103.
– Les huiles essentielles pourront également être des alliées intéressantes pour accompagner les émotions et soutenir la libido, en application cutanée par le massage notamment ou en olfaction. Les hommes apprécient souvent le romarin à 1,8 cinéole (rosmarinus officinalis CT 1,8 cineole) pour son côté frais et oxygénant, tonique le matin, ou la racine de vétiver (lippia citriodora) à l’odeur musquée en soutien de la libido associée au gingembre frais officinal (zingiber officinalis) ou à l’essence de pin laricio Corse (Pinus nigra laricio), circulatoire, apaisant et soutien anti-fatigue. Des synergies boisées légèrement camphrées et oxygénantes également associées au côté vivifiant et anxiolytique des agrumes pourront aussi être appréciées. Renseignez-vous toujours sur les précautions d’usage et les dosages adaptés, les huiles essentielles sont des outils intéressants mais puissants ! Un professionnel formé en aromathérapie pourra vous aider à formuler une synergie personnalisée.
– En micronutrition, on n’oubliera pas notamment l’importance de la vitamine D, très peu apportée par l’alimentation (à 10% seulement) et souvent en carence par une exposition solaire insuffisance ou
inefficace. C’est une quasi-hormone indispensable pour soutenir la fertilité du couple. C’est le premier complément alimentaire important pour soutenir la fertilité. Pour les autres, pas d’auto- supplémentation, faites-vous accompagner pour choisir ce qui vous convient à vous !
Ref : De Angelis et al. 2017. The role of vitamin D in male fertility: A focus on the testis. Rev Endocr Metab Disord. 2017 Sep;18(3):285-305.
doi: 10.1007/s11154-017-9425-0.
Shadid et al. 2021. Male infertility: Role of vitamin D and oxidative stress markers. https://doi.org/10.1111/and.14147
Conclusion
Les troubles de la fertilité masculine ont toujours été présents (relatées dans les ouvrages d’histoire de l’Antiquité aux rois de France) mais ils se sont malheureusement aussi accentués ces dernières années. La fertilité est mise à mal par une combinaison de facteurs environnementaux et sociaux-psychologiques. De nombreuses causes d’infertilité ont été mises en évidence et pourront être investiguées lors de votre parcours médical, et les fauteurs de troubles sont mieux connus même s’il n’est pas toujours évident d’imputer les responsabilités directes de chacun d’eux. Dans certains cas malheureusement, la science est encore impuissante à comprendre l’origine du problème.
Cependant, comme vous avez pu le découvrir dans cet article, vous avez la possibilité de reprendre le contrôle sur différents points. Tout ce que vous pourrez mettre en place dans vos habitudes de vie sera bénéfique au quotidien sur votre santé et votre moral.
En combien de temps voit-on des résultats ? Tout ce que vous pourrez mettre en place en complément de votre suivi en médecine allopathique, et qui concerne l’hygiène de vie et l’équilibrage alimentaire, mettent du temps à se mettre en place mais amélioreront durablement les choses quelle que soit la cause de votre hypofertilité, même si celle-ci reste inexpliquée. Il est difficile de parler de résultats palpables en un nombre de jours donnés mais on sait qu’un développement et maturation complets des spermatozoïdes demande 72 jours soit 3 mois. Les taux de nutriments, l’élimination des toxines est aussi un processus long. Faites de ce temps un allié, une occasion de reprendre votre santé et votre bien-être en main sur tous les plans.
Je voudrais aussi rappeler que soutenir la fertilité, avoir une testostérone, une fonction érectile et une qualité de sperme optimales n’est pas uniquement essentielle dans un but de conception, comme pour la femme avec l’observation de son cycle ovulatoire-menstruel ! Si le fonctionnement hormonal des hommes ne suit pas la même dynamique que le cycle féminin, il présente néanmoins un rythme circadien sur 24 heures. De plus, des niveaux optimaux des hormones notamment sexuelles permettent une humeur stable, une sexualité équilibrée, préviennent de la dépression, de la démence, permettent une bonne prise musculaire, une récupération à l’effort… Se préoccuper de sa fertilité à chaque moment de sa vie est important !
Ref : testo, mood, behaviour and quality of life, Michael Zitzmann 2020 Andrology
Vous tirerez, comme nous l’avons évoqué dans l’article, le plus grand bénéfice à avoir un accompagnement individualisé pour optimiser votre fertilité. Vous avez ici des pistes d’aide à explorer, mais n’hésitez pas à vous faire accompagner pour choisir la bonne approche, les choix alimentaires, la bonne plante ou synergie de plantes selon votre situation. Il sera souvent intéressant selon les signes cliniques et les besoins d’être accompagné sur plusieurs axes : congestion pelvienne ? Inflammation ? Mauvaise circulation ? composante anxieuse importante ? troubles digestifs associés ? baisse de libido ? Et donc d’intégrer dans un programme complet les conseils.
3 commentaires
camiseta,nba,basket,website,click here,view,more · juin 9, 2023 à 11:06 am
I really enjoyed reading this post, thank you! Fantastic job!
Frank Marbut · août 18, 2023 à 11:29 am
I appreciate the valuable information you provide in your articles.
Fertilité masculine - Nathalie Faggianelli · août 12, 2022 à 11:28 am
[…] Elles sont multiples et souvent combinées. Je vous laisse découvrir l’article que j’ai écrit pour l’institut I2F Formation de Marion Vallet sur le sujet : « prise en charge de l’hypofertilité masculine« . […]