Et pourtant … Le jour où, sage-femme, j’ai vraiment découvert le col de l’utérus ?!

par Marion Vallet, sage-femme, responsable de formation et formatrice

col uterus

Mes études de sage femme étaient alors terminées. J’avais d’abord usé mes pantalons et mes jupes sur les bancs de la fac pour une année de médecine où je m‘étais plongée dans l’univers médical, ô combien passionnant mais vertigineux. J’avais ensuite poursuivi cette année par 4 ans à l’école de maïeutique pour devenir la spécialiste de la santé des femmes : une sage-femme ! La santé génésique, la grossesse, l’accouchement et l’allaitement physiologiques ne devaient plus avoir de secrets pour moi, et pourtant …
J’ai été passionnée par mes études, par mes cours et les stages nombreux qui nous révèlent les multiples facettes du métier. J’ai entendu parlé dans les détails de l’utérus et du col de l’utérus de la femme enceinte et de la femme qui accouche : la parturiente. J’ai appris tous le langage de la salle de naissance : MAP, RCIU, monito, BDC, CU, IU, RCF, TV, BU, CLPFT, césar, VB, APD, et d’autres joyeux acronymes qu’il faut apprendre à décrypter.
J’ai aussi eu des cours de gynécologie où rapidement nous sommes passés du cycle féminin dans son déroulement hormonal aux troubles en tout genre : aménorrhées, spanioménorrhés, oligoménorrhées, dysménorrhées, métrorragies, ménorragies, polyménorrhées… J’ai failli couler dans un univers où le sang est la seule référence des troubles. J’ai d’ailleurs eu du mal à me souvenir de chacun de ces mots … Mais pourquoi une femme saigne-t-elle de façon aussi bizarre ? Pourquoi ses règles peuvent-elles prendre une multitude de facettes ? J’avais donc les clefs en mains pour comprendre la gynécologie, et pourtant …
Et ensuite les cours sur la contraception ont occupé une place centrale en gynécologie : DIU, SIU, pilules OP, progestatifs, micro progestatifs, implants, anneaux vaginaux, préservatifs masculins, féminins, injection, patch contraceptif … mais pas les « méthodes naturelles » destinées aux écervelés qui « voulaient avoir un enfant à un moment où ils ne l’ont pas choisi ». Je devais maitriser ce sujet de la planification familiale, et pourtant …
Un jour une de mes patientes m’a posé des questions sur son cycle : Pourquoi mes cycles durent 40 jours ? Si j’ai mes règles, cela signifie-t-il que j’ovule ? Pourquoi parfois il m’arrive de voir des pertes avec des traces de sang ? Suis-je normale ou faut-il s’inquiéter ? Dois-je consulter un gynécologue et faire des examens approfondis ? J’avais quelques réponses « fourre tout » à lui apporter. Je pensais pouvoir lui apporter des réponses précises, et pourtant …
Quand, 6 mois après mon diplôme, j’ai atterri dans une formation d’un week-end organisé par une association appelée WOOMB (World Organisation Ovulation Method Billings™). Je m’y étais rendue pour compléter mes connaissances sur le cycle, consciente d’importantes lacunes. C’est alors qu’un couple de formateurs, médecins ni l’un ni l’autre a commencé à nous parler du col de l’utérus. Je les ai regardé et écouté amusée de me dire qu’ils n’allaient quand-même pas m’apprendre mon métier, et POURTANT !

Marion Vallet

Mesdames, je vous déclare que notre col a un super pouvoir : celui de nous renseigner clairement sur le moment de notre cycle, sur l’alternance entre notre fertilité et notre infertilité. Il ne doit plus être un étranger pour personne.

Ce pouvoir qui lui est conféré provient du mucus que le col sécrète en continue. Ce mucus cervical obstrue le col pendant la plupart du cycle mais 4 à 7 jours par cycle, le col sécrète un mucus beaucoup plus fluide qui, par la gravité, arrive à la vulve de façon perceptible. Cette sécrétion est le reflet de l’activité de nos ovaires et de l’imminence de l’ovulation. C’est un marqueur extrêmement fiable, de la fertilité de la femme. J’ai même découvert alors qu’il y avait plus de 4 types de mucus cervical avec des rôles bien distincts : anti-infectieux, obstruction, sélection, canalisation, transport et nutrition des spermatozoïdes.

ALORS, une révolution était en marche. Ce jour-là, je peux dire que j’ai découvert le col de l’utérus ! Ce col en fait qui m’était étranger jusqu’alors car je ne connaissais que le col d’une femme enceinte (ce qui est loin d’être la majorité du temps). Ce col qui allait me permettre de mieux me comprendre, de mieux m’écouter, de mieux m’accepter, venait de m’être instruit dans les moindres détails. Cet « incroyable cervix » – comme l’avait nommé le professeur Erik Odeblad (biophysicien et chercheur Suédois qui a concentré la plupart de sa recherche sur le col) – allait me faire prendre un virage dans ma vie de femme et dans ma vie de sage-femme. Grâce à lui, le suivi gynécologique de mes patientes ne serait plus jamais le même Et pourtant, le col est situé dans un endroit inaccessible pour les yeux. Il se situe en profondeur de notre intimité. Un endroit réservé aux gynécologues et aux sages-femmes. Pour l’observer, il faut glisser un instrument appelé « spéculum ».

Ce n’était pas l’examen au spéculum qui allait alors me permettre de mieux le comprendre mais bien l’observation des signes et symptômes de mon propre cycle d’abord et des nombreux cycles de mes patientes ensuite. J’ai découvert la méthode de l’ovulation Billings™, l’une des principales méthodes d’observation du cycle enseignée en France et dans le monde. Grâce au tableau de suivi, j’allais débuter la compréhension de notre fertilité de couple et j’allais pouvoir enseigner aux femmes et aux hommes des informations essentielles sur leur fertilité.

J’étais devenue une autre sage-femme qui part de la réalité d’une femme et non d’une généralité, qui observe ses signes à elle et non un standard, qui a enfin compris que l’ovulation n’a pas lieu le 14ème jour d’un cycle de 28 jours, qui cherche la cause d’un cycle de 35-40 jours, qui analyse la phase fertile afin de comprendre comment la patiente ovule, qui ne se contente pas d’un test d’ovulation pour valider la fertilité, qui oriente les examens biologiques en fonction de son cycle à elle, qui observe les règles avec précisions, à la lumière de la phase fertile qui précède, qui ne considère pas tous les saignements comme des règles, qui a conscience que l’événement majeur du cycle est bien l’ovulation… et qui garde en mémoire que la clinique est toujours plus importante que la paraclinique !

Merci à ceux qui m’ont enseigné ce trésor de ma propre fertilité et qui m’ont permis de transmettre à mon tour. Merci à toutes les femmes, nombreuses, qui ont su me faire confiance et qui m’ont permis de devenir la sage-femme que je suis aujourd’hui !

Pour en savoir plus sur la méthode Billings™ : www.methode-billings-woomb.fr

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