par Mathilde Tiberghien, Psychologue clinicienne, Thérapeute familiale et conjugale
Si la dimension psychologique dans le parcours d’un couple en désir d’enfant apparaît comme évidente pour la majeure partie des professionnels qui les accompagnent, elle n’en reste pas moins souvent floue, sans réelle identification des causes et implications possibles. Le célèbre “blocage psychologique” en est malheureusement l’illustration car, bien que souvent deviné à juste titre par le soignant, il est mal transmis au patient car tout simplement méconnu. Ce “blocage” est en réalité le miroir grossissant du phénomène psychosomatique ou le corps vient parler avec des maux ce qui ne peut être dit avec des “mots”. Corps et esprit dialoguent continuellement et notre prise en charge du sujet doit sans cesse en tenir compte. Connaître et travailler la dimension psychologique, même de manière superficielle permet donc d’approcher des leviers puissants dans la question de la procréation. Pour explorer la dimension psychologique dans la problématique de désir d’enfant, nous travaillons sur trois niveaux. Le premier consiste à faire émerger l’histoire individuelle du sujet: Il s’agit d’identifier des blessures conscientes et inconscientes qui pourraient être autant de freins à son désir d’enfant: traumatisme de vie (agressions, maltraitance, accident, deuil, perte d’un enfant, ect ,) le lien d’attachement à ses figures parentales, la place du sujet dans sa fratrie, sa représentation de la maternité ou maternité, son rapport au corps de manière large (histoire du corps, rapport à l’intimité, le charnel, la nourriture)… Ce travail ne peut être efficace si nous oublions de solliciter un deuxième niveau d’analyse qu’est la dimension transgénérationnelle. Nous sommes façonnés par l’histoire de nos ancêtres qui vient faciliter ou empêcher notre propre désir de filiation. Les secrets de famille est le phénomène extrême qui permet de mettre en lumière ce qui agit chez tout à chacun. Nous puisons dans toutes nos racines pour transmettre la vie. De lourdes blessures, dettes, peurs voire traumatismes, peut-être jamais évoqués dans le récit familial, peuvent empêcher le sujet, dans son corps, de poursuivre la transmission. Questionner l’histoire transgénérationnelle de chaque partenaire permet d’ouvrir des possibilités de changement pour le sujet. Ce qui accède à la conscience, est mis en récit devient « digérable » et moins agit dans le corps Enfin, il n’y a pas de désir d’enfant sans la question du couple dans lequel il viendrait prendre place. Il s’agit d’être attentif aux promesses que le couple s’est fait à sa création, à ses rêves et ses peurs. Le décalage entre le “programme officiel” du couple, c’est à dire ce qu’il nous dit désirer, espérer comme projets et la réalité de ses désirs, peurs et blessures nous apporte de nouveaux leviers à travailler . Le travail psychologique global consiste à pouvoir mettre en récit son existence, prendre conscience des poids pour libérer ou décharger le corps et le psychisme. Ce travail ouvre le champ des possibles chez le sujet et nous réserve bien des surprises. Il est indéniable que pour faire émerger la dimension psychologique dans sa prise en charge, le soignant doit pouvoir en comprendre les aspects principaux. La formation M2M permet de découvrir les concepts évoqués ici et d’appréhender des outils concrets pour accompagner le sujet et les couples. https://www.mathildetiberghien.com